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je mourrai dans les douleurs de l’esclavage : fassent les dieux que le bonheur des générations qui succéderont à la nôtre soit aussi d’une telle uniformité que chacun de nos descendants puisse ainsi que moi n’avoir rien à ajouter à notre chronique, sinon ceci que j’écris en terminant.

« J’ai vécu heureux, paisible et obscur, en cultivant avec ma famille nos champs paternels ; je quitterai ce monde sans crainte et sans regret lorsque Hésus m’appellera pour aller revivre dans les mondes inconnus. »

À toi donc, mon bien-aimé fils aîné Roderik, moi Aëlguen, fils de Scanvoch, arrivé à la soixante-huitième année de mon âge, je lègue ces récits et ces reliques de notre famille ; ignorant si Hésus doit me laisser encore quelques années à vivre, j’accomplis aujourd’hui le vœu de notre aïeul Joel, le brenn de la tribu de Karnak.




Moi, Roderik, fils d’Aëlguen, mort trois cent quarante ans après que notre aïeule Geneviève a vu mourir Jésus de Nazareth, j’écris ici selon que l’avait espéré mon père :

« — Jusqu’à ce jour j’ai vécu paisible, heureux et obscur, cultivant avec ma famille les champs de nos pères ; je puis quitter ce monde sans crainte et sans regret lorsque Hésus m’appellera pour aller revivre dans les mondes inconnus. »

Puisses-tu, mon fils Amaël, n’avoir non plus que moi et ton grand-père Aëlguen à augmenter du récit de tes malheurs ou de l’agitation de ta vie notre légende que je te transmets avec nos pieuses reliques pour obéir aux derniers veux de notre aïeul Joel.




Moi, Gildas, fils d’Amaël, j’écris ici bien tristement ces lignes, trois cent soixante-quinze ans après la mort de Jésus. Mon père avait toujours reculé d’année en année le jour où il ajouterait quelques mots à notre légende, n’ayant non plus que mon grand-père Roderik à