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La Croix d’argent de notre aïeule Geneviève ;

Et enfin l’Alouette de casque de ma sœur de lait, Victoria la Grande.

Tu légueras ceci à ta descendance, pour obéir aux dernières volontés de notre aïeul Joël.


fin de l’alouette de casque


Moi, Aëlguen, fils de Scanvoch, mort en paix dans notre maison, située près des pierres sacrées de la forêt de Karnak, je te lègue, à toi mon fils aîné Roderik, je te lègue ces récits de notre famille et nos pieuses reliques, afin que tu les transmettes aussi à notre descendance. Ces récits, tu les augmenteras si quelques événements graves viennent agiter ta vie ; jusqu’ici la mienne a été calme, heureuse ; je cultive avec nos parents les champs paternels dont nous sommes redevenus possesseurs, grâce à la sœur de lait de mon père, Victoria la Grande. Les sinistres prédictions de cette femme illustre ne se sont pas réalisées, puissent-elles ne se réaliser jamais ! la Gaule relève toujours des empereurs romains ; de rares voyageurs, qui parfois pénètrent jusqu’au fond de notre vieille Armorique, nous ont dit qu’il y avait eu dans les autres provinces de grands soulèvements populaires sous le nom de Bagaudies. Peu d’années avant la mort de mon père Scanvoch, qui est allé revivre ailleurs, deux cent quatre-vingts ans après que notre aïeule Geneviève a eu vu mourir Jésus de Nazareth, la Bretagne est restée étrangère à ces révoltes de Bagaudes ; elle jouit d’une tranquillité profonde ; l’impôt que nous payons au fisc des empereurs n’est pas trop lourd, et nous vivons paisibles, laborieux et libres.

Plusieurs de nos aïeux, autrefois soumis à l’horrible esclavage de Rome, plongés dans l’ignorance et le malheur, ont fait écrire ou ont écrit sur nos parchemins que telle était la pesante uniformité de leurs jours passés de l’aube au soir dans un labeur écrasant, qu’ils n’avaient rien à inscrire sur notre légende, sinon : je suis né, j’ai vécu,