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— Avoue ton crime… tu l’as commis par ordre de Tétrik ?

— Oui.

— Quand… comment t’a-t-il donné l’ordre d’exécuter ce crime ?

— Lorsque je suis rentrée… après en avoir donné l’ordre, d’aller quérir le capitaine Paul, afin de s’assurer de la personne de Tétrik…

— Et le poison… tu l’as mis dans le breuvage que tu as présenté à ta maîtresse ?

— Oui.

— Ce jour-là même, — ajoutai-je, — car les souvenirs me revenaient en foule, lorsque je t’ai envoyée chercher ma femme, tu as dérobé sur ma table un parchemin écrit par moi ?

— Oui, par ordre de Tétrik… Il avait entendu parler de ce parchemin à Victoria…

— Pourquoi, le crime commis, es-tu restée dans cette maison jusqu’à ce jour ?

— Afin de ne pas éveiller les soupçons.

— Qui t’a portée à empoisonner ta maîtresse ?

— Le don de ces pierreries, dont je m’amusais à me parer lorsque tu es entré… Je me croyais seule pour la nuit.

— Tétrik a failli mourir par le poison… Crois-tu son écuyer coupable de ce crime ?

— Tout poison a son contre-poison, — me répondit la bohémienne avec un sourire sinistre. — Celui qui en frappant paraît aussi frappé éloigne de lui tout soupçon…

La réponse de cette femme fut pour moi un trait de lumière… Tétrik, par une ruse infernale, et sans doute garanti de la mort grâce à un antidote, avait pris assez de poison pour paraître partager le sort de Victoria, en exagérant d’ailleurs les apparences du mal.

Saisir une écharpe sur le lit, et, malgré la résistance de la bohémienne, lui lier les mains et l’enfermer ensuite dans la salle basse, ce fut pour moi l’affaire d’un moment… Je courus aussitôt chez le général de l’armée… Parvenant à grand peine, à cette heure