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Et elle frappa vivement sur un timbre… Presque aussitôt Mora parut. Après quelques mots que sa maîtresse lui dit à l’oreille, la servante se retira.

— Tétrik, — reprit Victoria, — j’ai envoyé quérir le capitaine Paul et plusieurs officiers ; ils vont venir vous chercher ici ; ils vous accompagneront à votre logis…vous n’en sortirez que pour paraître devant vos juges…

— Mes juges ?

— L’armée nommera un tribunal… ce tribunal vous jugera, Tétrik…

— Je suis aussi justiciable du sénat.

— Si le tribunal militaire vous condamne, vous serez renvoyé devant le sénat… si le tribunal militaire vous absout, vous serez libre ; la vengeance divine pourra seule vous atteindre.

Mora rentra pour annoncer à sa maîtresse l’exécution de ses ordres au sujet du capitaine Paul. Je me souvins plus tard, mais, hélas ! trop tard, que Mora échangea quelques paroles à voix basse avec Tétrik, assis près de la porte.

— Scanvoch, — me dit Victoria, — tu as entendu ma conversation avec Tétrik… tu te la rappelles ?

— Parfaitement…

— Tu vas aller, sur l’heure, la transcrire fidèlement.

Puis, se retournant vers le chef de la Gaule, elle ajouta :

— Ce sera votre acte d’accusation ; il sera lu devant le tribunal militaire, et ensuite ce tribunal décidera de votre sort.

— Victoria, — reprit froidement Tétrik, — écoutez les conseils d’un vieillard, autrefois et encore à cette heure votre meilleur ami. Accuser un homme est facile, prouver son crime est difficile…

— Tais-toi, détestable hypocrite ! — s’écria la mère des camps avec emportement ; — ne me pousse point à bout… Je ne sais ce qui me tient de te livrer sur l’heure à la brutale justice des soldats.

Puis, joignant les mains :