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nous voudrons, en un mot… À la multitude l’aveuglement, à ses chefs seuls la lumière… et tout ira bien, et nous ne serons plus, nous autres chefs, soumis aux caprices de cette brutale élection populaire qui vous élève aujourd’hui sur le pavois et vous brise demain…

— Cependant les chrétiens choisissent les évêques comme nous, Gaulois, nous élisons notre chef ?

— Je vous disais justement tout à l’heure à ce sujet, Victoria, que le pape et les évêques, dans leur habileté profonde, avaient déjà prévu combien seraient gros de dangers pour l’avenir ces choix populaires, laissés à la discrétion de la vile multitude, et ils l’écartent maintenant des élections. Les clercs et les notables des villes sont seuls convoqués aux élections.

— Tétrik, vous fervent et nouveau converti, comment oubliez-vous que le principe fondamental de la religion des chrétiens est l’égalité absolue des hommes entre eux ?… Encore une fois, Jésus n’a t-il pas dit : « Le maître n’est pas plus que son disciple… le seigneur n’est pas plus que son serviteur… » N’est-ce pas renier l’Évangile que de retirer, à ce que vous appelez la vile multitude, le droit d’élire ses évêques (G) ?

— Ce sont encore là des susceptibilités… la raison d’État passe avant les principes… Rien de plus périlleux, Victoria, que d’abandonner la nomination d’un chef politique ou religieux au brutal caprice d’une élection populaire… L’intérêt du présent et de l’avenir vous fait donc une loi d’accepter mes offres… Je me résume : Prenez-moi pour époux, embrassez, comme moi, la foi nouvelle, faites-nous proclamer par l’armée, vous et moi, empereur et impératrice, adoptez mon fils et sa postérité… La Gaule, à notre exemple, se fait tout entière chrétienne ; nous comblons les prêtres et les évêques de privilèges et de richesses, ils nous façonnent le peuple selon