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— Ton désespoir me navre… et pourtant, écoute-moi… Tout me dit que ce n’est pas seulement l’ami, le vieil ami que ce meurtrier a frappé en toi…

— Depuis vingt-trois ans… nous ne nous étions pas quittés, Eustache et moi… — reprit le bon Marion en gémissant. — Amis depuis vingt-trois ans !…

— Non, ce n’est pas seulement l’ami que ce monstre a frappé en toi, c’est aussi, c’est surtout peut-être le chef de la Gaule, le général de l’armée… La cause mystérieuse de ce crime intéresse peut-être l’avenir du pays… Il faut qu’elle soit recherchée, découverte…

— Scanvoch, tu ne connais pas Eustache… Il se souciait bien, ma foi ! que je sois ou non chef de la Gaule et général… Et puis, qu’est-ce que cela me fait… à cette heure où je vais aller vivre ailleurs ?… Seulement, accorde-moi cette dernière demande… ne dénonce pas mon ami Eustache…

— Soit, je te garderai le secret, mais à une condition…

— Dis-la vite…

— Tu m’apprendras comment ce crime s’est commis…

— As-tu bien le cœur de marchander ainsi… le repos à… un mourant…

— Il y va peut-être du salut de la Gaule, te dis-je ! Tout me donne à penser que ta mort se rattache à une trame infernale, dont les premières victimes ont été Victorin et son fils. Voilà pourquoi les détails que je te demande sont si importants.

— Scanvoch… tout à l’heure je distinguais ta figure… la couleur de tes vêtements… maintenant, je ne vois plus devant moi qu’une forme… vague… Hâte-toi… hâte-toi…

— Réponds… Comment le crime s’est-il commis ? et par Hésus, je te jure de garder le secret… sinon… non…

— Scanvoch…

— Un mot encore. Eustache connaissait-il Tétrik ?

— Jamais Eustache ne lui a seulement adressé… la parole…