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— Il est mort !…

— Tu connais peut-être Eustache, cet ancien ouvrier forgeron, l’ami du brave capitaine Marion ?

— Oui.

— Il était de garde cette nuit aux avant-postes… Il paraît qu’Eustache a quelque amourette en ville… Excuse-moi, Scanvoch, de t’entretenir de telles choses en un moment si triste, mais tu m’interroges, je te réponds…

— Poursuis, ami Douarnek.

— Eustache, donc, au lieu de rester à son poste, a, malgré la consigne, passé une partie de la nuit à Mayence… Il s’en revenait, une heure avant l’aube, espérant, m’a-t-il dit, que son absence n’aurait pas été remarquée, lorsqu’il a rencontré, non loin des postes, sur les bords du Rhin, l’homme à la casaque haletant et fuyant : – Où cours-tu ainsi ? lui dit-il. – Ces brutes me poursuivent, reprit-il ; parce que j’ai brisé la tête du petit-fils de Victoria sur les cailloux, ils veulent me tuer. – C’est justice, car tu mérites la mort, — a répondu Eustache indigné, en perçant de son épée cet infâme meurtrier. De sorte que l’on a retrouvé ce matin, sur la grève, son cadavre couvert de sa casaque.

La mort de ce soldat détruisait mon dernier espoir de découvrir le mystère dont était enveloppée cette funeste nuit.

Les restes d’Ellèn, de Victorin et de son fils furent déposés sur les bûchers, au bruit des chants des bardes et des druides… La flamme immense s’éleva vers le ciel, et lorsque les chants cessèrent, l’on ne vit plus rien qu’un peu de poussière…

La cendre du bûcher de Victorin et de son fils fut pieusement recueillie par Victoria dans une urne d’airain ; elle fut placée sous un marbre tumulaire avec cette simple et touchante inscription :


Ici reposent les deux Victorin ! (D)


Le soir de ce jour, où les deux bohémiennes de Hongrie avaient