commets des fautes comme chef de la Gaule, on sera mal venu à me le reprocher… J’accepte donc, Victoria, sauf deux conditions sans lesquelles rien n’est fait.
— Quelles sont ces conditions ? — demanda Tétrik.
— Voici la première, — reprit Marion : — la mère des camps continuera de rester à Mayence et me donnera ses conseils… Je suis aussi neuf à mon nouveau métier qu’un apprenti forgeron mettant pour la première fois le fer au brasier, et je crains de me brûler les doigts.
— Je vous l’ai promis, Marion, — reprit ma sœur de lait ; — je resterai ici tant que ma présence et mes conseils vous seront nécessaires…
— Victoria, si votre esprit se retirait de moi, je serais un corps sans âme… Aussi, je vous remercie du fond du cœur. La promesse que vous me faites là doit vous coûter beaucoup, pauvre femme… Pourtant, — ajouta le capitaine avec sa bonhomie habituelle, — n’allez pas me croire assez sottement glorieux pour m’imaginer que c’est à ce bon gros taureau de guerre, nommé Marion, que Victoria la Grande fait ce sacrifice, d’oublier ses chagrins pour le guider… Non, non… c’est à notre vieille Gaule que Victoria le fait, ce sacrifice ; et, en bon fils, je suis aussi reconnaissant du bien que l’on veut à ma vieille mère que s’il s’agissait de moi-même…
— Noblement dit, noblement pensé, Marion, — reprit Victoria touchée de ces paroles du capitaine ; — mais votre droiture, votre bon sens, vous mettront bientôt à même de vous passer de mes conseils, et alors, — ajouta-t-elle avec un accent de douleur profonde et contenue, — je pourrai, comme vous, Tétrik, aller m’ensevelir dans quelque solitude avec mes regrets…
— Hélas ! — reprit le gouverneur, — pleurer en paix est la seule consolation des pertes irréparables. Mais, — ajouta-t-il en s’adressant au capitaine, — vous aviez parlé de deux conditions ; Victoria accepte la première, quelle est la seconde ?