furieux de cette réponse si juste et si calme, lever la main sur Jésus et le frapper au visage, en s’écriant :
— Est-ce ainsi que tu parles au grand-prêtre[1].
À cet outrage infâme !… frapper un homme garrotté, Geneviève sentit son cœur bondir, ses larmes couler, tandis qu’au contraire de grands éclats de rire s’élevèrent parmi les soldats et les serviteurs du grand-prêtre.
Le fils de Marie resta toujours placide ; seulement, il se retourna vers l’huissier et lui dit avec douceur :
— « Si j’ai mal parlé, faites-moi voir le mal que j’ai dit… mais si j’ai bien parlé… pourquoi me frappez-vous[2] ? »
Ces paroles, cette mansuétude angélique ne désarmèrent pas les persécuteurs du jeune maître ; des rires grossiers éclatèrent de nouveau dans la salle, et les insultes recommencèrent ainsi de toutes parts.
— Oh ! le Nazaréen, l’homme de paix, l’ennemi de la guerre ne se dément pas, il est lâche et se laisse frapper au visage !
— Appelle donc à toi tes disciples. Qu’ils viennent te venger si tu n’en as pas le courage !
— Ses disciples ! — reprit un des miliciens qui avaient arrêté Jésus, — ses disciples ! ah ! si vous les aviez vus ! À l’aspect de nos lances et de nos flambeaux ils se sont sauvés, les misérables, comme une nichée de hiboux !
— Ils étaient très-contents d’échapper à la tyrannie du Nazaréen, qui les retenait auprès de lui par magie !
— La preuve qu’ils le haïssent et le méprisent, c’est que pas un d’eux, pas un seul n’a osé l’accompagner ici.
— Oh ! — pensait Geneviève, — combien Jésus doit souffrir de cette lâche ingratitude de ses amis ! elle doit lui être plus cruelle que les outrages dont il est l’objet.