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« – Ce matin nous disions :

» – Combien sont-ils ces barbares, qui veulent nous voler notre terre, nos femmes et notre soleil ?

» – Oui, combien sont-ils donc ces Franks ?




» – Ce soir nous disons :

» – Réponds, terre rougie du sang de l’étranger !… Répondez, flots profonds du Rhin !… Répondez, corbeaux de la grève… Répondez !… répondez !…

» – Combien étaient-ils, ces voleurs de terre, de femmes et de soleil ?

» – Oui, combien étaient-ils donc ces Franks ? »




Nos soldats achevaient ce refrain des bardes, lorsque de l’autre côté du fleuve, si large en cet endroit que l’on ne pouvait distinguer la rive opposée, déjà voilée d’ailleurs par la brume du soir, j’ai remarqué dans cette direction une lueur qui, devenant bientôt immense, embrasa l’horizon comme les reflets d’un gigantesque incendie !… Victorin s’écria :

– Le brave Marion a exécuté son plan à la tête d’une troupe d’élite et des tribus alliées de l’autre côté du Rhin, il a marché sur le camp des Franks… Leur dernière réserve aura été exterminée, leurs huttes et leurs chariots de guerre livrés aux flammes ! Par Hésus ! la Gaule, enfin délivrée du voisinage de ces féroces pillards, va jouir des douceurs d’une paix féconde ! Ô ma mère !… ma mère… tes vœux sont exaucés !

Victorin, radieux, venait de prononcer ces paroles, lorsque je vis s’avancer lentement vers lui une troupe assez nombreuse de soldats appartenant à divers corps de cavalerie et d’infanterie de l’armée ; tous ces soldats étaient vieux ; à leur tête marchait Douarnek, l’un des quatre rameurs qui m’avaient accompagné la veille dans mon voyage au camp des Franks. Lorsque cette députation fut arrivée près du