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tumulte se fit au dehors de la demeure de Victoria, et bientôt on entendit ce cri :

Aux armes ! aux armes !

Victorin et sa mère, près de laquelle il s’était tenu agenouillé, se levèrent brusquement.

– On crie aux armes ! — dit vivement le capitaine Marion en prêtant l’oreille.

– Les Franks auront rompu la trêve ! — m’écriai-je à mon tour ; — hier un de leurs chefs m’avait menacé d’une prochaine attaque contre le camp ; je n’avais pas cru à une si prompte résolution.

– On ne rompt jamais une trêve avant son terme, sans notifier cette rupture, — dit Tétrik.

– Les Franks sont des barbares capables de toutes les trahisons, — s’écria Victorin en courant vers la porte.

Elle s’ouvrit devant un officier couvert de poussière, et si haletant qu’il ne put d’abord à peine parler.

– Vous êtes du poste de l’avant-garde du camp, à quatre lieues d’ici, — dit le jeune général au nouveau venu, car Victorin connaissait tout les officiers de l’armée ; — que se passe-t-il ?

– Une innombrable quantité de radeaux, chargés de troupes et remorqués par des barques commençaient à paraître vers le milieu du Rhin, lorsque, d’après l’ordre du commandant du poste, je l’ai quitté pour accourir à toute bride vous annoncer cette nouvelle, Victorin… Les hordes franques doivent à cette heure avoir débarqué… Le poste que je quitte, trop faible pour résister à une armée, s’est sans doute replié sur le camp ; en le traversant j’ai crié aux armes ! Les légions et les cohortes se forment à la hâte.

– C’est la réponse de ces barbares à notre message porté par Scanvoch, — dit la mère des camps à Victorin.

– Que t’ont répondu les Franks ? — me demanda le jeune général.

– Néroweg, un des principaux rois de leur armée, a repoussé toute