détestables de l’histoire de la Gaule ?… Ces temps d’oppression et d’abrutissement n’ont-ils pas duré jusqu’à ces siècles glorieux et prospères, où nos druides, fondus dans le corps de la nation, comme citoyens, comme pères, comme soldats, ont participé à la vie commune, aux joies de la famille, aux guerres nationales contre l’étranger… Eux, toujours les premiers à soulever les populations asservies ! Oh ! je vous le dis, je vous le dis… ce que je redoute pour l’avenir des nations, c’est qu’un jour, voyez-vous, il ne se fonde à Rome je ne sais quelle ténébreuse alliance entre les puissants du monde et les papes catholiques… et alors, malheur aux peuples ! car de cette alliance il sortira une effroyable tyrannie religieuse, cimentée par le sang de ces martyrs héroïques qui de nos jours croient mourir pour l’affranchissement des peuples !…
Victoria, en parlant ainsi, me semblait inspirée par le génie prophétique des druidesses des siècles passés. Tétrik l’avait silencieusement écoutée, mais, au lieu de lui répondre, il reprit en souriant, comme toujours, avec sérénité :
– Nous voici loin de l’accusation que notre ami Scanvoch a portée contre moi… et pourtant, Victoria, vos paroles, au sujet des craintes que vous inspirent pour l’avenir les princes des prêtres chrétiens, comme vous les appelez, nous ramènent à cette accusation… Ainsi, selon vous, Scanvoch, le but des perfidies que vous me reprochez serait d’arriver au gouvernement de la Gaule, afin de la trahir au profit de Rome païenne ou de Rome catholique ?
– Oui, — lui dis-je, — je crois cela.
– En deux mots, Scanvoch, je vais me justifier ; Victoria m’aidera plus que personne… L’un de mes secrétaires, dites-vous, a tâché d’exciter l’hostilité de nos soldats contre Victorin, votre révélation me semble tardive ; puis…
– Je n’ai su cela qu’hier soir, — dis-je au gouverneur de Gascogne en l’interrompant.
– Peu importe, — reprit-il, — ce secrétaire, je l’ai chassé der-