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sence ; quoiqu’elles ignorassent que j’étais allé au camp des Franks, elles ne s’étaient pas couchées.

– C’est moi ! — leur criai-je, — c’est moi, Scanvoch !

À peine la porte fut-elle ouverte qu’à la clarté de la lampe que tenait Sampso, ma femme se jeta dans mes bras, en me disant d’un ton doux et de tendre reproche :

– Enfin, te voilà !… nous commencions à nous alarmer, ne te voyant pas revenir depuis ce matin…

– Nous qui comptions sur vous pour notre petite fête, — ajouta Sampso ; — mais vous vous êtes trouvé avec d’anciens compagnons de guerre… et les heures ont vite passé.

– Oui, l’on aura longuement parlé batailles, — ajouta Ellèn, — toujours suspendue à mon cou, et mon bien-aimé Scanvoch a un peu oublié sa femme…

Ellèn fut interrompue par un cri de Sampso… Elle n’avait pas d’abord aperçu Elwig, restée dans l’ombre à côté de la porte ; mais à la vue de cette sauvage créature, pâle, sinistre, immobile, la sœur de ma femme ne put cacher sa surprise et son effroi involontaire. Ellèn se détacha brusquement de moi, remarqua aussi la présence de la prêtresse, et, me regardant non moins étonnée que sa sœur, elle me dit :

– Scanvoch, cette femme, quelle est-elle ?

– Ma sœur ! — s’écria Sampso oubliant la présence d’Elwig et me considérant plus attentivement, — vois donc, les manches de la saie de Scanvoch sont ensanglantées… il est blessé !…

Ma femme pâlit, se rapprocha vivement de moi, et me regarda avec angoisse.

– Rassure-toi, — lui dis-je, — ces blessures sont légères… je vous avais caché, à toi et à ta sœur, le but de mon absence : j’étais allé au camp des Franks, chargé d’un message de Victoria.

– Aller au camp des Franks ! — s’écrièrent Ellèn et Sampso avec terreur, — c’était la mort !