le feu, avivé par les vieilles sous la cuve d’airain, jetait dans la nuit noire des clartés rougeâtres, qui venaient mourir au seuil de la grotte.
J’essayai de rompre mes liens ; une fois les jambes et les mains libres, j’aurais tenté de désarmer l’un des Franks, gardiens de l’antre, et l’épée à la main, protégé par l’obscurité, je me serais dirigé vers les bords du Rhin, guidé par le bruit des grandes eaux du fleuve. Peut-être Douarnek, malgré mes ordres, ne se serait-il pas encore éloigné de la rive pour regagner notre camp ; mais, malgré mes efforts, je ne pus rompre les cordes d’arc et les ceinturons dont j’étais garrotté. Déjà une sourde et croissante rumeur m’annonçait qu’un grand nombre d’hommes arrivaient et se rassemblaient aux abords de la caverne, sans doute afin d’assister à mon supplice et d’entendre les augures de la prêtresse.
Je crus n’avoir plus qu’à me résigner à mon sort ; je donnai une dernière pensée à ma femme et à mon enfant, à Victorin et à Victoria.
Soudain, au milieu des ténèbres dont j’étais entouré, j’entendis, à deux pas derrière moi, la voix d’Elwig. Je tressaillis de surprise ; j’étais certain qu’elle n’était point venue par l’entrée de la caverne.
– Suis-moi, — me dit-elle.
Et en même temps sa main brûlante saisit la mienne.
– Comment es-tu ici ? — lui dis-je stupéfait, en renaissant à l’espérance et m’efforçant de marcher.
– La caverne a deux issues, — répondit Elwig ; — l’une d’elles est secrète et connue de moi seule… c’est par là que je viens d’arriver jusqu’à toi, tandis que les rois m’attendent autour de la chaudière… Viens ! viens !… conduis-moi à la barque où est le trésor !
– J’ai les jambes liées, — lui dis-je, — je peux à peine mettre un pied devant l’autre.
Elwig ne répondit rien ; mais je sentis qu’à l’aide de son couteau elle tranchait le cuir des ceinturons et les cordes d’arc qui me garrottaient aux coudes et aux jambes… J’étais libre !…