ce qu’il renferme, tandis que vous travaillerez pour nous, courbés sous notre forte épée, et que vos femmes, vos filles, vos sœurs coucheront dans notre lit, fileront la toile de nos chemises et les laveront au lavoir… Entends-tu cela, chien gaulois ?
Les autres chefs approuvèrent les paroles de Néroweg par leurs rires et leurs clameurs, et tous répétèrent :
– Oui… voilà ce que nous voulons… Entends-tu cela, chien gaulois ?
– J’entends… — ai-je répondu, ne pouvant m’empêcher de railler cette sauvage insolence. — J’entends… vous voulez nous conquérir et nous asservir comme l’ont fait pendant un temps les Romains, après que notre race a eu dominé, vaincu l’univers durant des siècles… Mais, honnêtes barbares, qui aimez tant le soleil, le bien, le pays et les femmes d’autrui, vous oubliez que les Romains, malgré leur puissance universelle et leurs innombrables armées, ont été forcés par nos armes de nous rendre une à une toutes nos libertés, de sorte qu’à cette heure les Romains ne sont plus nos conquérants, mais nos alliés… Or, mes honnêtes barbares, qui aimez tant le soleil, le pays, le bien et les femmes d’autrui, écoutez ceci : Nous autres Gaulois, seuls et sans l’alliance romaine, nous vous chasserons de nos frontières, ou nous vous exterminerons jusqu’au dernier, si vous persistez à être de mauvais voisins, et à prétendre nous larronner notre vieille Gaule !…
– Oui, larrons nous sommes ! — s’écria Néroweg, — et, par les neiges de la Germanie, nous larronnerons la Gaule !… Notre armée est quatre fois plus nombreuse que la vôtre ; vous avez à défendre vos palais, vos villes, vos richesses, vos femmes, votre soleil, votre terre fertile… Nous n’avons, nous, rien à défendre et tout à prendre : nous campons sous nos huttes et nous dormons sur l’épaule de nos chevaux ; notre seule richesse est notre épée ; nous n’avons rien à perdre, tout à gagner… Nous gagnerons tout, et nous asservirons ta race, chien gaulois !…