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– Il les garderait…

– Quoi… lui, ton frère, ne partagerait pas les richesses avec toi, sa sœur ?…

Un sourire amer contracta les lèvres d’Elwig ; elle reprit :

– Mon frère a failli m’abattre le bras d’un coup de hache parce que j’ai voulu toucher à une part de son butin.

– Est-ce ainsi que frères et sœurs se traitent parmi les Franks ?

– Chez les Franks, — répondit Elwig d’un air de plus en plus sinistre, — le guerrier a pour premières esclaves sa mère, sa sœur et ses femmes…

– Ses femmes ?… En ont-ils donc plusieurs ?…

– Toutes celles qu’ils peuvent enlever et nourrir… de même qu’ils ont autant de chevaux qu’ils en peuvent nourrir…

– Quoi ! une sainte et éternelle union n’attache pas, comme chez nous, l’époux à la mère de ses enfants ?… Quoi ! sœurs, femmes, sont esclaves ?… Bénie des dieux est la Gaule ! mon pays, où nos mères et nos épouses, vénérées de tous, siègent fièrement dans les conseils de la nation, et font prévaloir leurs avis, souvent plus sages que celui de leurs maris et de leurs fils…

Elwig, palpitante de cupidité, ne répondit pas à mes paroles, et reprit :

– De ces trésors tu ne parleras donc pas à Néroweg ; il les garderait pour lui… Tu attendras la nuit pour quitter le camp… Je te dirai la route ; je t’accompagnerai, tu me donneras tous les présents, à moi seule… à moi seule !…

Et, poussant de nouveau des éclats de rire d’une joie presque insensée, elle ajouta :

– Bracelets d’or ! colliers de perles ! boucles d’oreilles de rubis ! diadèmes de pierreries !… Je serai belle comme une impératrice !… oh ! je serai très-belle aux yeux de Riowag !…

Puis, jetant un regard de mépris sur ses grossiers bracelets de cuivre, qu’elle fit bruire en secouant ses bras… elle répéta :