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doute, quoique ses yeux brillassent plus que jamais de convoitise. — De quelles parures parles-tu ?

– Crois-tu que Victoria la Grande, en envoyant ici son frère de lait porter un message aux rois des Franks, ne leur ait pas envoyé, en gage de trêve, de riches présents pour leurs femmes et leurs sœurs, qui les ont accompagnés ou qui sont restées en Germanie ?…

Elwig bondit sur ses talons, se releva d’un saut, jeta son couteau, frappa dans ses mains, poussa des éclats de rire presque insensés, puis s’accroupit de nouveau près de moi, me disant d’une voix entrecoupée, haletante :

– Des présents ?… Tu apportes des présents ?… Quels sont-ils ? Où sont-ils ?…

— Oui, j’apporte des présents capables d’éblouir une impératrice : colliers d’or ornés d’escarboucles, pendants d’oreilles de perles et de rubis, bracelets, ceintures et couronnes d’or, si chargés de pierreries, qu’ils resplendissent de tous les feux de l’arc-en-ciel… Ces chefs-d’œuvre de nos plus habiles orfèvres gaulois… je les apportais en présent… et puisque ton frère Néroweg, l’aigle terrible, est le plus puissant roi de vos hordes, tu aurais eu la plus grosse part de ces richesses…

Elwig m’avait écouté la bouche béante, les mains jointes, sans chercher à cacher l’admiration et l’effrénée cupidité que lui causait l’énumération de ces trésors… Mais soudain ses traits prirent une expression de doute et de courroux… Elle ramassa son couteau, et le levant sur moi, elle s’écria :

– Tu mens ou tu railles !… Ces trésors, où sont ils ?

– En sûreté… Sage a été ma précaution ; car j’aurais été tué et dépouillé sans avoir accompli les ordres de Victoria et de son fils.

– Où les as-tu mis en sûreté, ces trésors ?

– Ils sont restés dans la barque qui m’a amené ici… mes compagnons ont regagné le large et se sont ancrés dans les eaux du Rhin, hors de portée des flèches de tes gens.