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plusieurs années, et malgré de sanglantes batailles, envahir notre sol, et s’étaient toujours vus repoussés au delà du Rhin, notre frontière naturelle.

En traversant une partie de ces campements, porté sur les épaules des quatre guerriers noirs, je fus poursuivi d’injures, de menaces et de cris de mort par les Franks qui me voyaient passer ; plusieurs fois l’escorte dont j’étais accompagné fut obligée, d’après l’ordre de Riowag, de faire usage de ses armes pour m’empêcher d’être massacré. Nous sommes ainsi arrivés à peu de distance d’un bois épais. Je remarquai, en passant, une hutte plus grande et plus soigneusement construite que les autres, devant laquelle était plantée une bannière jaune et rouge. Un grand nombre de cavaliers vêtus de peaux d’ours, les uns en selle, les autres à pied à côté de leurs chevaux, et appuyés sur leurs longues lances, postés autour de cette habitation, annonçaient qu’un des chefs importants de leurs hordes l’occupait. J’essayai encore de persuader à Riowag, qui marchait à mes côtés, toujours grave et silencieux, de me conduire d’abord auprès de celui des chefs dont j’apercevais la bannière, après quoi l’on pourrait ensuite me tuer ; mes instances ont été vaines, et nous sommes entrés dans un bois touffu, puis arrivés au milieu d’une grande clairière. J’ai vu à quelque distance de moi l’entrée d’une grotte naturelle, formée de gros blocs de roche grise, entre lesquels avaient poussé, çà et là, des sapins et des châtaigniers gigantesques ; une source d’eau vive, filtrant parmi les pierres, tombait dans une sorte de bassin naturel. Non loin de cette caverne se trouvait une cuve d’airain étroite, et de la longueur d’un homme ; un réseau de chaînes de fer garnissait l’orifice de cette infernale chaudière ; elles servaient sans doute à y maintenir la victime que l’on y mettait bouillir vivante. Quatre grosses pierres supportaient cette cuve, au-dessous de laquelle on avait préparé un amas de broussailles et de gros bois ; des os humains blanchis, et dispersés sur le sol, donnaient à ce lieu l’aspect d’un charnier. Enfin, au milieu de la clairière, s’élevait