– Ne savez-vous pas qu’il faut à Elwig un prisonnier vivant, pour que ses augures soient certains ? Et vous ne lui donnerez qu’un cadavre en écorchant d’abord ce Gaulois…
Puis il ajouta d’une voix éclatante :
– Voulez-vous vous exposer au courroux des dieux infernaux en leur dérobant une victime ?
À cette menace, un sourd frémissement courut dans la foule ; le parti des écorcheurs parut lui-même céder à une terreur superstitieuse.
Le même homme de conciliation qui avait proposé de me faire écorcher et ensuite bouillir, reprit :
– Les uns veulent faire offrande de ce Gaulois au grand chef Néroweg, les autres à la prêtresse Elwig ; mais donner à l’une, c’est donner à l’autre : Elwig n’est-elle pas la sœur de Néroweg ?…
– Et il serait le premier à vouer ce Gaulois aux dieux infernaux pour les rendre propices à nos armes, — dit Riowag.
Plus, se tournant vers moi, il ajouta d’un ton impérieux :
– Enlevez ce Gaulois sur vos épaules, et suivez-moi…
– Nous voulons ses dépouilles, — dit un de ceux qui s’étaient des premiers emparés de moi, — nous voulons son casque, sa cuirasse, ses braies, sa ceinture, sa chemise ; nous voulons tout, jusqu’à sa chaussure.
– Ce butin vous appartient, — répondit Riowag. — Vous l’aurez, puisqu’Elwig dépouillera ce Gaulois de tous ses vêtements pour le mettre dans sa chaudière.
– Nous allons te suivre, Riowag, — reprirent-ils ; — d’autres que nous s’empareraient des dépouilles du Gaulois.
– Oh ! race pillarde ! — m’écriai-je, — il est dommage que ma peau ne soit d’aucune valeur, car au lieu de la vouloir donner à votre chef, vous l’iriez vendre si vous pouviez.
– Oui, nous te l’arracherions, ta peau, si tu ne devais être mis dans la chaudière d’Elwig.