– Moi, je prends et garde ce Gaulois pour Elwig !
Les sourds murmures de plusieurs guerriers noirs accueillirent ces paroles de leur chef. Celui-ci reprit d’une voix plus éclatante encore :
– Riowag prend ce Gaulois pour la prêtresse Elwig ; il faut à Elwig un prisonnier pour ses augures.
L’avis du chef parut accepté par la majorité des guerriers noirs, car une foule de voix répétèrent :
– Oui, oui, il faut garder ce Gaulois pour Elwig…
– Il faut le conduire à Elwig !…
– Depuis plusieurs jours elle ne nous a pas fait d’augures…
– Et nous, nous ne voulons pas livrer ce prisonnier à Elwig ; non, nous ne le voulons pas, nous qui les premiers nous sommes emparés de ce Gaulois, — s’écria l’un de ceux qui m’avaient garrotté ; — nous voulons l’écorcher pour faire hommage de sa peau au grand chef Néroweg…
Peu m’importait le choix : être écorché vif ou être mis à bouillir dans une cuve d’airain ; je ne sentais pas le besoin de manifester ma préférence, et je ne pris nulle part au débat. Déjà ceux qui me voulaient écorcher regardaient d’un air farouche ceux qui voulaient me faire bouillir, et portaient la main à leurs couteaux, lorsqu’un guerrier noir, homme de conciliation, dit au chef :
– Riowag, tu veux livrer ce Gaulois à la prêtresse Elwig ?
– Oui, — répondit le chef, — oui… je le veux.
– Et vous autres, — poursuivit-il, — vous voulez offrir la peau de ce Gaulois au grand chef Néroweg ?
– Nous le voulons !…
– Vous pouvez être tous satisfaits…
Un grand silence se fit à ces mots de conciliation ; il continua :
– Écorchez-le vif d’abord, et vous aurez sa peau… Elwig fera bouillir ensuite le corps dans sa chaudière.
Ce moyen terme sembla d’abord satisfaire les deux partis ; mais Riowag, le chef des guerriers noirs, reprit :