éventails en plumes de paon destinés à rafraîchir l’air autour de leur maîtresse.
Les coussins soigneusement disposés, l’Éthiopien y plaça la noble Faustine avec autant de précaution que s’il eût craint de la briser ; puis les deux jeunes Grecs, déposant leurs éventails, s’agenouillèrent auprès de leur maîtresse, et écartèrent doucement les voiles dont elle était entourée.
Sylvest avait souvent, et cette nuit-là même, entendu parler de Faustine, célèbre, comme tant d’autres dames romaines, par sa beauté, son opulence et ses monstrueuses débauches (C) ; mais Sylvest n’avait jamais vu cette femme redoutée ; il put la contempler avec un mélange d’horreur, de haine et de curiosité.
De taille moyenne et frêle, âgée de trente ans au plus, Faustine aurait été d’une beauté rare, si des excès sans nom n’eussent déjà flétri, amaigri ce visage fin et régulier ; on apercevait ses épais cheveux noirs à travers les mailles de la résille d’or qui peignait son front pâle et bombé. Ses yeux noirs, profondément cernés et demi-clos, parurent un moment offusqués par l’éclat des lumières ; aussi, à un simple froncement de sourcils de la grande dame, deux de ses esclaves, prévenant sa pensée, par la peur du châtiment, se hâtèrent de développer un voile qu’elles tinrent étendu entre la lumière des candélabres et leur maîtresse.
Faustine portait deux tuniques de soie tyrienne, l’une longue et blanche brodée d’or, l’autre beaucoup plus courte, de couleur vert clair brodée d’argent ; pour corsage, elle n’avait autre chose qu’une résille d’or comme celle de ses cheveux, et, à travers ses mailles, on apercevait son sein et ses épaules nus comme ses bras frêles et d’une blancheur de cire. Un collier de grosses perles et de rubis d’Orient faisait plusieurs fois le tour de son cou flexible un peu allongé ; ses petites oreilles se distendaient presque sous le poids des nombreuses pendeloques de diamants, d’émeraudes et d’escarboucles qui descendaient presque sur ses épaules (D) ; ses bas de soie étaient roses, et ses