La lune couchée… la nuit est devenue noire… Sylvest, après avoir traversé de nouveau la vallée déserte et couverte de roches, franchit le torrent, gagna les grands bois et le chemin d’Orange ; mais il ne se dirigea pas vers cette ville, où habitait son maître ; il suivit un sentier, à droite de la route, marcha longtemps, et arriva près d’un grand mur de briques, clôture d’un parc immense dépendant de la villa de Faustine, cette grande dame romaine dont le nom avait été prononcé avec horreur dans la réunion des Enfants du Gui ; s’arrêtant alors un instant, Sylvest prit dans les broussailles, où elle était cachée, une longue perche garnie çà et là de bâtons formant autant d’échelons, et la dressa contre la muraille:jeune, agile et robuste, il l’eut bientôt escaladée ; passant alors sa perche de l’autre côté il descendit dans le parc.
L’ombre des grands arbres était si épaisse, que l’on voyait à peine devant soi ; mais l’esclave, connaissant ce lieu, gagna bientôt les bords d’un canal orné de balustrades de marbre; près de là, s’élevait un temple construit en rotonde, entouré d’une riche colonnade à jour formant autour du bâtiment un portique circulaire qui