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au front chauve, à l’œil ardent et cave, au sourire cruel, qui siège sur ce tribunal… — oui… qui siège sur ce tribunal, dans son fauteuil d’ivoire, seul assis au milieu de ses généraux, debout autour de lui ? — Cet homme chauve et pâle, c’est César.




» Et ce guerrier à cheval qui sort seul d’une des portes de la ville d’Alais, quel est-il ? — La longue épée pend à son côté ; — d’une main il tient un javelot ; — fière et martiale est sa grande taille sous sa cuirasse d’acier qui étincelle aux premiers feux du jour ; — fière et triste est sa mâle figure sous la visière de son casque d’argent surmonté du coq doré aux ailes demi-ouvertes, emblème de la Gaule ; — flottante au vent est la housse rouge brodée qui cache à demi son cheval noir… son ardent cheval noir… tout écumant et hennissant. — Oui, ce fier guerrier, quel est-il ? — Ce fier guerrier, c’est le chef des cent vallées.




» Où va-t-il ainsi ? — Que va-t-il faire ? — Le voilà qui presse son noir coursier de l’éperon, son noir coursier qui bondit jusqu’au pied du tribunal où est assis le chauve et pâle César. — Alors le chef des cent vallées lui dit ceci : — César, ma mort n’assouvirait pas ta haine ; tu veux me posséder vivant… me voilà. César, tu as juré à mon envoyé d’épargner les habitants de la ville d’Alais si je me rendais prisonnier… Je suis ton prisonnier. — Et le chef des cent vallées a sauté à bas de son cheval ; — son casque brillant, son lourd javelot, sa forte épée, il les a jetés au loin ; — et, tête nue, il a tendu ses mains… — ses mains vaillantes, — aux chaînes des licteurs de César, — du pâle César qui, du haut de son siège, accable d’injures son ennemi désarmé, vaincu, — et il l’envoie à Rome (C).




» Quatre ans se sont passés ; — une longue marche triomphale se déroule à Rome sur la place du Capitole. — César, couvert de la