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donné, trahi la plèbe gauloise ! — Magistrats, ils ont ouvert leurs villes aux Romains ; — chefs militaires, ils ont laissé leurs troupes sans ordres, sans direction, — leur ont soufflé la défiance, le découragement, — et la plupart de ces troupes se sont dispersées.




» On les attend pourtant, ces troupes vaillantes. — Qui cela ?… où cela ?… qui les attend ? — C’est le chef des cent vallées. — Où les attend-il ? — Dans la ville d’Alais, au milieu des Cévennes ; — là il est renfermé avec les débris de son armée et les femmes et les enfants de ses soldats. — César l’assiège en personne ; — dix contre un sont les Romains. — Les vivres manquent ; — la famine moissonne les plus faibles. — Mais, de jour en jour, d’heure en heure, on espère le secours des traîtres, et l’on dit : — Ils vont venir… ils vont venir… — Non, — ils ne doivent pas venir !… — Non, — ils ne viendront pas…




» Non, — ils ne doivent pas venir ! — non, — ils ne sont pas venus !… — Un dernier effort pourtant délivrait la Gaule. — Les lâches ont reculé. — Alors, voyant cela, le chef des cents vallées se montre encore plus grand par le cœur que par le courage ; — il peut fuir seul… une issue est préparée ; — mais il sait que c’est lui, — lui l’âme de la guerre sainte, que César poursuit de sa haine. — Il sait qu’Alais, hors d’état de résister désormais, va tomber au pouvoir des Romains ; — il sait ce que les Romains font des prisonniers, des femmes, des enfants ; — il dépêche pendant la nuit un de ses officiers à César. — Au bout de deux heures, l’officier revient.




» Voici que, le lendemain, dès l’aube, le soleil se lève sur les remparts d’Alais.— Quel est ce tribunal couvert de tapis de pourpre qui s’élève entre les retranchements du camp romain et les murailles de la ville gauloise assiégée ? — Quel est cet homme pâle,