grands héros de la Gaule… le chef des cent vallées, ce héros dont César, à jamais maudit, a été le lâche bourreau !
Au nom du chef des cent vallées, un grand frémissement d’orgueil patriotique a couru parmi les Enfants du Gui, et Sylvest a doublement partagé cet orgueil ; il se souvenait que, dans son enfance, avant la bataille de Vannes, Vercingétorix, le chef des cent vallées, avait été l’hôte de Joel, le brenn de la tribu de Karnak, aïeul de Sylvest.
Et le barde a ainsi commencé ses chants :
« Combien en est-il mort de guerriers, gaulois, depuis la bataille de Vannes jusqu’au siège d’Alais ?… — Oui, pendant ces quatre ans, combien en est-il mort de guerriers, pour la liberté ? — Cent mille ? est-ce trop ? — Non. — Deux cent mille ? — Non. — Trois cent, quatre cent mille ? — Non, ce n’est pas trop ; — non, ce n’est pas assez ! — Nombrez les feuilles mortes tombées de nos chênes sacrés durant ces quatre ans, — vous n’aurez pas nombré les guerriers gaulois dont les os blanchissent dans les champs de nos pères !
» Et tous ces guerriers, dont les chefs se nommaient — Luctère, — Camulogène (le vieux défenseur de Paris), — Corrès, — Cavarill, — Épidorix, — Comm (de l’Artois), — Virdumar, — Versagillaüm, — Ambiorix, — tous ces guerriers, à la voix de quel guerrier s’étaient-ils levé pour l’indépendance de la patrie ? — Tous s’étaient levés à la voix du chef des cent vallées, — celui-là qui, depuis la bataille de Vannes jusqu’au siège d’Alais, a, pendant quatre années, tenu la campagne et deux fois battu César. — Un effort encore… un effort suprême… et la Gaule était délivrée…
» Mais non, — de lâches Gaulois n’ont pas voulu cela, — non, — ils ont préféré, aux rudes et sanglants labeurs de la délivrance, le repos et la richesse sous le joug de l’étranger ; — ils ont aban-