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d’horreur et d’épouvante circula parmi les Enfants du Gui, et plusieurs s’écrièrent :

— Non, pas de pitié pour celle-là et pour ses pareilles !… La mort aussi pour elles ! la mort, qu’elles ont donnée à tant d’esclaves !

— Faustine et ses semblables sont des monstres de luxure et de férocité, — reprit le druide ; — leurs passions infâmes et sanglantes n’ont pas de nom dans la langue des hommes ; que le sang qu’elles auront versé retombe donc sur elles… Je vous parle des enfants et des femmes des Romains, vos maîtres ; quoique celles-ci soient souvent impitoyables envers vous, et que, par avidité, elles vous écrasent de travaux, ce sont des êtres faibles, sans défense ; épargnez-les…

— Celles-là… oui, — reprit l’esclave de labour, — elles seront épargnées ; mais nos maîtres romains, mais nos gardiens, assommés sans pitié !… Cela fait, nous autres des métairies isolées, nous nous emparons des armes, des vivres, des chariots ; nous choisissons un chef, et nous nous retirons dans le bourg le plus voisin…

— Dans ce bourg, — reprit un esclave demi-laboureur, demi-artisan, — les esclaves de métiers ou de location, se sont au même signal débarrassés des Romains, ont pris les armes et élu un chef ; ils accueillent leurs frères des campagnes et fortifient de leur mieux le bourg, en attendant un avis de la ville voisine…

— Dans la ville, — dit alors Sylvest, esclave citadin, — les esclaves domestiques, artisans ou loués aux fabriques, ont, au même signal, fait justice des Romains et de leur faible garnison, se sont armés et formés en compagnies ; chacune d’elles a élu un chef ; ces chefs élus ont un chef général ; les postes militaires sont occupés, les portes de la ville fermées, et l’on attend les avis de la réunion suprême des Enfants du Gui.

— Et cet avis ne se fait pas attendre, — dit le druide ; — le conseil suprême s’est assemblé, au même signal, dans la forêt de Chartres, au cœur de la Gaule… Ses avis partent dans toutes les directions, nous retrouvons la force par notre union. Des levées en masse s’organi-