du Gui ; car, par tout le pays, malgré obstacles et périls, les Enfants du Gui se rassemblent en secret… Là est notre force… là est notre espoir… Oui, notre espoir, — a repris le druide. — Ayons espoir ; voici la bonne nouvelle ! Les Romains, rassurés par le calme apparent des provinces depuis les dernières guerres, font rentrer leur grande armée en Italie. L’avant-garde est en marche, elle se dirige vers cette province où nous sommes, pour aller s’embarquer à Marseille… Le passage de cette armée dans les contrées qu’elle traverse sera le signal pour les Enfants du Gui de se préparer à la sainte nuit de la révolte et de la vengeance…
— Nous sommes prêts… — s’écrièrent plusieurs voix, — vienne cette nuit…
— Et de cette nuit de révolte et de vengeance, qui donnera au même instant le signal par toute la Gaule ? du nord au midi, de l’orient à l’occident ? — reprit le druide. — Oui, ce signal nocturne, visible aux yeux de chacun… à la même heure… au même instant, qui le donnera ? Ce sera l’astre sacré des Gaules !… Écoutez… écoutez… La lune commence aujourd’hui son décours… À mesure que son orbe va se rétrécir, l’armée romaine fera un pas vers le lieu de son embarquement ; ses étapes militaires sont comptées… Lorsque la lune aura atteint le terme de son décours, les Romains seront au moment de quitter la Gaule, n’y laissant qu’une faible garnison…
— Et cette nuit-là, — s’écria Sylvest dans son ardeur impatiente, — toute la Gaule se soulève !
— Non… pas encore cette nuit-là, — répondit le druide. — Quoique, en cette saison, les vents soient toujours favorables, une brise contraire peut s’élever et retarder le départ de l’ennemi.
— Et si le soulèvement suivait de trop près l’embarquement des Romains, — dit une voix, — un bâtiment léger pourrait rejoindre les galères en haute mer, et donner l’ordre de ramener les troupes…
— Cela est juste, — reprit le druide ; — il faut donner aux troupes le temps de s’éloigner. La révolte ne doit éclater que la nuit du second