— Par Hésus ! sois donc l’un des braves Enfants du Gui, si ceux-là qui sont ici présents dans l’ombre t’acceptent pour leur frère, comme moi je t’accepte pour le mien.
Il n’y eut qu’une voix pour accepter le nouvel enfant du Gui. Cela fait, un autre druide reprit :
— Vous tous qui êtes là m’écoutant dans l’ombre, entendez ceci… Lointaine peut être est la délivrance de la Gaule… mais prochaine aussi… Je vais vous apprendre une nouvelle heureuse, moi, Ronan, fils de Talyessin, qui fut le plus vénéré des druides de Karnak… pierres sacrées d’où est parti, ne l’oubliez jamais, le premier cri de guerre de la Bretagne ! pierres sacrées, arrosées du sang généreux d’Hêna, la vierge de l’île de Sên… glorieuse vierge gauloise dont les bardes chantent encore de nos jours le courage et la beauté !
— Oh ! oui… Hêna… c’est une sainte : les chants des bardes nous l’ont appris, — dirent plusieurs voix. — Glorieuse soit-elle… Ô fille de Joel, le brenn de la tribu de Karnak !
— Glorifiée soit-elle ! la vaillante et douce vierge qui a offert son sang innocent à Hésus pour apaiser sa colère !
— Gloire aux chants des bardes, notre seule consolation dans la servitude ! car ils racontent la grandeur de nos pères.
L’esclave gaulois, en entendant cela, n’a pu retenir ses larmes, et elles ont coulé dans l’ombre, ces larmes douces, parce que Hêna, depuis longtemps chantée par les bardes, Hêna, la vierge de l’île de Sên, dont on glorifiait en ce moment le nom et la mémoire, c’était la sœur de Guilhern, père de l’esclave qui pleurait… car celui-ci se nommait Sylvest… et avait pour aïeul Joel, le brenn de la tribu de Karnak.
Le druide a continué ainsi :
— Lointaine peut être notre délivrance, mais prochaine aussi… Moi, Ronan, fils de Talyessin, j’arrive du centre de la Gaule ; j’ai marché la nuit ; le jour, je me suis caché dans les bois et dans les cavernes servant, comme celle-ci, aux réunions secrètes des Enfants