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lévation croissante de la grotte, il put marcher à demi-courbé, puis debout… mais toujours dans la plus profonde obscurité. Bientôt une autre voix sortant des ténèbres lui dit :

— Arrête… le couteau est levé sur ta poitrine.

— Sept brins de gui me protègent.

— À cette heure, — reprit la voix, — le gui sacré dégoutte de larmes, de sueurs et de sang.

— Ces larmes, ces sueurs, ce sang, se changeront un jour en une rosée féconde…

— Que fécondera-t-elle ?

— L’indépendance de la Gaule.

— Qui veille sur la Gaule asservie ?

— Hésus le tout puissant et ses druides vénérés errants dans les bois, se cachant dans des cavernes comme celle-ci (B).

— Ton nom ?

Bretagne.

— Qui es-tu ?

Enfant du Gui

— Passe…

L’esclave gaulois, après avoir ainsi répondu aux questions que l’on adresse toujours aux Enfants du Gui venant aux réunions nocturnes, fit encore quelques pas et s’arrêta ; les ténèbres étaient toujours profondes, et quoique l’on fît silence, l’on entendait les mouvements de plusieurs personnes réunies en cet endroit, et le sourd cliquetis des fers qu’elles portaient pour la plupart ; bientôt la voix d’un druide, présidant la réunion secrète, s’éleva dans l’ombre et dit :

Auvergne ?

— Je suis là, — reprit une voix.

Artois ?

— Je suis là…

Bretagne ?

— Je suis là, — dit l’esclave ; et, après lui, chacun répondit à cet