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que tu traces devant lui, là sur le sable, la position des terres et de la maison de ta famille par rapport aux pierres de Karnak et au bord de la mer ; je ne sais malheureusement pas quel intérêt il a à savoir cela, car si c’est une convenance pour lui, je la lui ferai payer cher… Mais obéis à son ordre.

Mes mains furent de nouveau déliées ; je pris le manche du fouet de l’un des gardions, et je traçai sur le sable, sous les yeux attentifs du centurion, la position des pierres de Karnak et de la côte de Craig’h, puis l’emplacement de notre maison et de nos champs à l’orient de Karnak.

Le boiteux frappa dans ses mains en signe de joie ; il tira de sa poche une longue bourse, y puisa un grand nombre de pièces d’or qu’il offrit au maquignon. Après un assez long débat sur le prix de mon corps, le vendeur et l’acheteur tombèrent d’accord.

— Par Mercure, — me dit le maquignon, — je t’ai vendu trente-huit sous d’or, moitié comptant, comme arrhes, moitié à la fin de la vente, lorsque le boiteux te viendra prendre… Avais-je tort de te dire l’escarboucle de mon lot ?

Puis il ajouta, d’après quelques paroles du centurion :

— Ton nouveau maître… et je comprends cela lorsqu’il s’agit d’un esclave que l’on a chèrement payé, ton nouveau maître ne te trouve pas assez sûrement enchaîné ; il veut qu’on ajoute des entraves à ta chaîne ; il viendra te chercher en chariot.

En outre de ma chaîne, on me mit aux pieds deux pesantes entraves de fer, qui m’auraient empêché de marcher autrement qu’en sautant à pieds joints si j’avais pu sauter en enlevant un poids si lourd ; mes menottes furent soigneusement visitées, et je m’assis dans un coin de la loge pendant que le maquignon comptait son or.

À ce moment, la toile qui cachait l’entrée de la loge située vis-à-vis de celle où je me trouvais s’est relevée… Voici ce que j’ai vu.

D’un côté, trois belles jeunes femmes ou jeunes filles… les mêmes