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grosses pierres dont ils restèrent armés, faisant de temps à autre entendre des injures et des menaces contre la prisonnière éplorée.

Les prêtres et les docteurs de la loi, auxquels l’émissaire des pharisiens était allé parler en secret, traînèrent l’infortunée créature jusqu’aux pieds de Jésus, qu’elle se mit aussi à implorer dans sa terreur, levant vers lui son visage baigné de larmes et ses mains meurtries couvertes de sang et de poussière.

Alors un des prêtres dit à Jésus, pour l’éprouver, et dans l’espoir de le perdre s’il ne se prononçait pas comme eux :

« — Cette femme vient d’être surprise en adultère ; or, Moïse nous a ordonné dans la loi de lapider les adultères… Quel est donc sur cela votre sentiment ?

» Jésus, au lieu de répondre, se baissa et se mit à écrire sur le sable du bout de son doigt.

» Et comme les pharisiens, étonnés, continuaient de l’interroger, il se releva et leur dit, ainsi qu’à ceux de la foule qui s’étaient armés de pierres :

» — Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre (à cette femme).

» Puis, se baissant de nouveau, il se remit à écrire sur le sable sans regarder autour de lui. »

Aux paroles du fils de Marie, de grands applaudissements éclatèrent parmi la foule qui le suivait, et Banaïas s’écria en riant aux éclats :

— Bien dit, notre ami… Je ne suis pas prophète ; mais, si des mains pures doivent seules lapider cette pauvre pécheresse, je jure, par les talons de Gédéon, que nous allons voir tous ces furieux de vertu, tous ces frénétiques de chasteté, tous ces endiablés de pudeur, à commencer par les seigneurs prêtres et les seigneurs docteurs de la loi, tourner au plus vite leurs sandales et retrousser leurs robes pour courir plus vite… Tenez, que vous disais-je ? — ajouta Banaïas en redoublant d’éclats de rire ainsi que beaucoup d’autres ; — les voilà