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viève, — le jeune homme de Nazareth serait satisfait de vous voir pratiquer si généreusement ses préceptes…

Jeane, Aurélie et Madeleine, suivant la foule, sortirent bientôt des portes de Jérusalem. Le soleil se levant alors dans toute sa splendeur, éclairait au loin les campagnes de la vallée de Cédron, dont l’aspect oriental, si nouveau pour Geneviève, la frappait toujours de surprise et d’admiration.

Grâce à la saison printanière, hâtive cette année-là, les plaines qui s’étendaient aux portes de Jérusalem étaient aussi verdoyantes, aussi fleuries que celles de Saron, que Geneviève avait traversées en venant de Jaffa (lieu de son débarquement) pour se rendre à Jérusalem avec sa maîtresse. Les roses blanches et roses, les narcisses, les anémones, les giroflées jaunes et les immortelles odorantes, embaumaient l’air et émaillaient les champs de leurs fraîches couleurs, encore humides de rosée.

Au bord du chemin, un bouquet de palmiers ombrageait la voûte d’une fontaine où venaient déjà s’abreuver les grands buffles noirs couplés à leur joug et conduits par des laboureurs vêtus d’un sayon de poil de chameau ; des pâtres amenaient aussi à cette fontaine leurs troupeaux de chèvres à oreilles pendantes et de moutons à larges queues, tandis que de jeunes femmes au teint brun, vêtues de blanc, venant sans doute d’un village que l’on voyait à peu de distance, à demi-caché par un bois d’oliviers, puisaient de l’eau à cette fontaine, et retournaient au village, portant sur leur tête, à demi-enveloppée de leurs voiles blancs, de grandes amphores rouges remplies d’eau fraîche.

Plus loin, sur la route poudreuse qui descendait en serpentant des premières rampes des montagnes, dont la cime se dégageait à peine des vapeurs azurées du matin, on voyait cheminer lentement une longue caravane que dominaient les cous allongés des chameaux chargés de ballots.

Tout au long de la route que suivait Geneviève, des colombes bleues,