Pendant que Geneviève entendait ces deux méchants hommes parler ainsi, elle vit Madeleine, après les miséricordieuses paroles de Jésus, se relever radieuse ; les larmes coulaient encore sur son beau visage, mais ces larmes ne semblaient plus amères. Elle distribua à toutes les pauvres femmes qui l’entouraient ses pierreries, ses bijoux, dégrafa jusqu’à la magnifique robe qu’elle portait par dessus sa tunique de fine étoffe de Sidon, et revêtit le manteau de grosse laine brune d’une jeune femme, à qui elle donna en échange sa riche robe brodée de perles valant un grand prix. Puis elle dit à Simon, disciple du jeune maître, qu’elle ne quitterait plus ces humbles vêtements, et que le lendemain tous ses biens seraient distribués à des familles dans la pauvreté et aux courtisanes que la seule misère empêchait de revenir à une vie meilleure.
À ces mots, Oliba, joignant ses mains dans un élan de reconnaissance, se jeta aux pieds de Madeleine, prit ses mains, les baisa en sanglotant, et lui dit :
— Bénie soyez-vous, Madeleine !… Oh ! bénie soyez-vous ! Votre bonté m’aura sauvée, moi et tant d’autres de mes pauvres compagnes de honte ; nous nous repentions à la voix du fils de Marie… cette voix faisait tressaillir nos cœurs, nous espérions le pardon. Mais, hélas ! la nécessité de vivre nous retenait dans le mal et le mépris… Bénie soyez-vous, Madeleine, vous qui rendez possible notre retour au bien !…
— Sœur, ce n’est pas moi qu’il faut bénir, — répondit Madeleine, — c’est Jésus de Nazareth, ses paroles m’ont inspirée.
Et Madeleine se confondit dans la foule pour entendre la parole du jeune maître.
Quelques-uns de ses disciples lui ayant dit en parlant de Madeleine qu’elle avait été séduite, puis abandonnée par un jeune docteur de la loi, la figure de Jésus devint grave, sévère, presque menaçante, et il s’écria :
« Malheur à vous, docteurs de la loi ! malheur à vous, hypocrites !