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Ma femme Geneviève est une guerrière auprès de moi, et digne, par le courage et la vertu, d’entrer dans notre famille, qui compte parmi ses aïeules : Hêna, la vierge de l’île de Sên ; Méroe, la femme du marin, et Margarid, la matrone gauloise… J’ai fait lire à Geneviève les parchemins que m’a laissés mon grand-père : ces récits l’ont exaltée… Combien de fois elle m’a tendrement reproché ma tiédeur, mon découragement, en s’écriant :

« — Ah ! si j’étais homme ! si je descendais du brenn de la tribu de Karnak ! cette race féconde en vaillants et en vaillantes ! au premier soulèvement des Gaulois j’irais me faire tuer…

» — J’aime mieux vivre tranquillement près de toi, Geneviève, — lui disais-je, — prendre en patience les maux que je ne peux empêcher, et dévider de mon mieux ma navette au profit de mon maître. »

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Ce fut donc vers la quinzième année du règne de Tibère que ma femme partit de Marseille avec Aurélie, sa maîtresse, pour se rendre en Judée.

Les faits suivants ont été écrits par Geneviève il y a un an, à son retour de voyage… Ma vie a été jusqu’ici tellement monotone et insignifiante, qu’elle figurerait mal parmi les récits de ma famille. Celui de Geneviève, bien qu’il raconte quelques aventures sans grande importance qui se sont passées dans le pays des Hébreux, alors qu’elle habitait Jérusalem, aura du moins l’attrait de curiosité qu’inspire tout événement dont un pays très-lointain et très-peu connu est le théâtre…