temps à autre, ses jambes et ses bras… La masse énorme de l’éléphant vint cacher à Sylvest cet épouvantable dépècement…
L’éléphant furieux tenait enlacé dans les replis de sa trompe un jeune esclave, un enfant âgé de quinze ans au plus, qui se tordait dans les airs en poussant des cris horribles. Par deux fois l’éléphant, dans sa rage, battit violemment, de ce pauvre corps meurtri, presque disloqué, la muraille d’enceinte ; et lorsqu’il eut ainsi brisé ces membres palpitants, il jeta l’enfant sous ses pieds, tâcha de le transpercer de ses défenses, et finit par le piétiner avec emportement. En s’acharnant ainsi sur ces restes sanglants qui ne formaient plus qu’une espèce de boue de chair humaine, il recula et heurta d’une de ses jambes de derrière un esclave fuyant un tigre, et qui, à ce moment, passait entre la croupe de l’éléphant et le bassin du crocodile. Du choc, l’esclave fut, comme d’autres l’avaient été avant lui, au milieu de leur fuite éperdue, précipité dans la cuve limoneuse du reptile ; aussitôt Sylvest entendit les hurlements de l’infortuné que coupaient en morceaux les dents de scie du crocodile.
Ce carnage a duré jusqu’à ce que les esclaves livrés aux bêtes ne fussent plus que des ossements à demi-rongés ou des débris sans nom et sans forme…
Pendant toute la durée, cette fête romaine fut accompagnée des cris, des acclamations de la foule, devenue ivre à ce spectacle de massacre…
Enfin les flambeaux usés, prêts à s’éteindre, ne jetèrent plus que des clartés vacillantes : lions et tigres, gorgés de chair humaine, alourdis et silencieux, vautraient leurs grands corps sur la boue sanglante de l’arène, bâillaient, soufflaient ou léchaient leurs pattes énormes, qu’ils passaient ensuite sur leur mufle rougi.
Sylvest entendit le murmure de plus en plus lointain de la foule quittant le cirque…
Bientôt, par les entrées du nord et du midi, à la lueur des flambeaux expirants, apparurent les esclaves bestiaires, revêtus d’épaisses armures de fer à l’épreuve de la morsure des animaux ; ils étaient