faire Mont-Liban dans le cirque, lui peut-être la cause de cette rivalité qui allait se dénouer par la mort de l’une de ces deux femmes ? Le géant se présenta d’un air fanfaron dans l’arène, au milieu d’applaudissements et de cris d’enthousiasme. Sauf son tablier de gladiateur, un jambard de fer à sa jambe gauche et un brassard de fer à son bras droit, son corps, velu comme celui d’un ours, athlétique comme celui de l’Hercule païen, était nu et frotté d’huile ; par un raffinement d’orgueil, ses nombreuses cicatrices étaient peintes de vermillon, comme pour rehausser leur éclat aux yeux des spectateurs. Un casque d’acier poli sans visière, il dédaignait cette défense, retenait sa tête énorme. Son poing gauche sur la hanche et tenant de sa main droite deux épées courtes, il fit le tour de l’arène, jetant des regards effrontés sur les nobles dames de la galerie, pendant que ces grandes impudiques, agitant leurs mouchoirs, criaient avec ardeur :
— Salut… salut à Mont-Liban !… salut au vainqueur des vainqueurs !…
Mais les fanfares des buccinateurs résonnèrent de nouveau… et la foule cria cette fois avec vérité :
— Les voilà ! les voilà !…
C’étaient elles…
C’étaient Faustine et Siomara se présentant dans l’arène, l’une par la porte du nord, l’autre par la porte du midi…
Hommes, femmes, tous, jusqu’aux édiles, se levèrent de nouveau, et bientôt un profond silence régna dans cette foule immense…
La noble dame et la courtisane s’avancèrent, calmes, résolues, le front haut, le regard assuré, bravant tous les yeux ; depuis longtemps elles ne connaissaient plus la retenue, la pudeur ou la honte !
Faustine portait le casque léger de la Minerve païenne, orné d’une touffe de légères plumes écarlates ; sa courte visière découvrait son hardi et pâle visage, aux yeux noirs, aux lèvres rouges, encadré de deux grosses tresses de cheveux d’ébène tressés de perles qui se per-