— Il faut que la mécanique qui fait mouvoir ce mannequin de fer soit détraquée, — disaient les autres.
Et les esclaves gaulois, du fond de leur souterrain, applaudissaient aux mépris et aux injures dont on poursuivait ce lâche parjure… ce stupide imitateur des Romains… Mais les édiles, ne pouvant souffrir qu’un riche seigneur servît plus longtemps de risée à la foule, firent signe à l’un des Mercures de l’arène. Aussitôt celui-ci, retirant de la fournaise une des tiges d’airain brûlant, en piqua le dos de l’esclave, jusqu’alors toujours hors de portée de l’épée de Norbiac. La surprise et la douleur de la brûlure firent faire à l’esclave un bond en avant : il se jeta malgré lui sur l’épée de son adversaire, et reçut ainsi à la figure et à la poitrine deux larges blessures. Abandonnant alors son sabre de fer-blanc, il se précipita sur son adversaire couvert d’acier, le renversa sous lui, arracha de sa ceinture sa masse de fer, et commença de marteler le casque de Norbiac, qui poussait des cris perçants et appelait à l’aide, au grand contentement de la foule. Mais les forces de l’esclave, se perdant avec le sang de ses deux larges blessures, il ralentit bientôt ses coups, laissa échapper la masse de fer, éleva sa main défaillante pour demander grâce de la vie, et tomba près de Norbiac, dont les cris aigus s’étaient changés en gémissements lamentables, et qui essayait de se relever.
Les spectateurs des gradins supérieurs, quoique l’esclave fût d’avance destiné à périr selon la coutume, crièrent :
— La vie à l’esclave ! grâce ! grâce !…
Mais les spectateurs de la galerie et des gradins voisins, ainsi que Diavole et ses amis, trouvant d’un fâcheux exemple, quoique les premiers ils eussent ri de Norbiac, d’accorder la vie à un esclave qui venait de si rudement marteler son maître, demandèrent la mort, et, sur un signe de l’édile, un des Plutons brisa la tête du blessé. À ce moment, Norbiac, parvenant enfin à se relever, et trouvant des forces dans son effroi, se mit à courir çà et là devant lui, malgré le poids de son armure, étendant les mains au hasard comme quelqu’un