L’esclave ayant, dans son exaltation croissante, assez élevé la voix pour être entendu des autres Gaulois, il leur raconta, afin de leur rendre aussi la mort plus douce, la vengeance de Quatre-Épices. À ces mots, presque tous les esclaves, qui, jusqu’alors sombres et taciturnes, mais résignés à leur sort, s’étaient tenus assis ou couchés sur la dalle, dans l’ombre de la voûte, se précipitèrent aux barreaux, pour contempler avec une joie farouche ces jeunes seigneurs romains si gaiement avinés, et portant dans leur sein une mort terrible et prochaine…
Cette joie farouche, Sylvest la partagea d’abord, puis il se la reprocha, se souvenant que son oncle Albinik, le marin, pilotant les galères romaines la veille de la bataille de Vannes, avait regardé comme une lâcheté indigne de la valeur et de la loyauté gauloises de traîtreusement engloutir au fond de la mer des milliers de soldats romains, confiants dans sa manœuvre. Si excusable qu’elle fût par la férocité de Diavole, la vengeance de Quatre-Épices fit horreur à Sylvest… tandis qu’il eût donné des premiers le signal d’une révolte armée pour briser les fers de l’esclavage, exterminer les Romains et reconquérir la liberté de la Gaule ; mais l’heure de cette révolte, quand sonnerait-elle ?… S’il n’eût pas été ferme devant la mort, la nouvelle qu’il venait d’apprendre au sujet du maintien de l’armée romaine en Gaule, lui eût ôté tout regret de quitter la vie.
— Heureusement, — pensa Sylvest, — si les hommes meurent, les réunions des Enfants du Gui se succéderont d’âge en âge, grâce aux druides, jusqu’au jour de la justice et de la délivrance…
Le bruit éclatant des fanfares tira Sylvest de sa rêverie ; les buccinateurs, soufflant dans leurs buccins, annonçaient l’arrivée des édiles. Ces magistrats prirent place dans leur tribune ; les hérauts d’armes donnèrent le signal du combat. Les buccinateurs firent de nouveau résonner leurs instruments de cuivre. Un profond silence se fit dans cette foule immense, et quatre couples de gladiateurs à cheval (gladiateurs de profession) se présentèrent dans l’arène par