rium ; mais ces toiles immenses n’avaient pas été tendues ce soir-là : la nuit était si sereine, l’air si calme, que pas un souffle de vent n’agitait la flamme des milliers de gros flambeaux de cire placés dans des torchères de bronze doré fixées autour de l’arène, où l’on avait accès par quatre passages voûtés pratiqués sous les gradins et dans l’épaisseur de la muraille d’enceinte. Les deux entrées, du nord et du midi, étaient réservées aux gladiateurs à pied et à cheval. À l’orient et à l’occident, se faisant face, se voyaient deux voûtes grillées : l’une destinée aux bêtes féroces, l’autre aux esclaves condamnés à être dévorés. Sous cette voûte avaient été conduits Sylvest et ses compagnons : debout, le long des barreaux de fer, il examinait avec une curiosité triste tout ce qu’il pouvait apercevoir au dehors.
Le sol de l’arène, couvert d’une épaisse couche de sable, coloré en rouge, afin que les traces du sang parussent moins, était semé d’une foule de petites parcelles brillantes qui, à la lueur des flambeaux, étincelaient comme des millions de paillettes d’argent (F). Un certain espace n’avait pas été sablé, mais recouvert d’un plancher à claire-voie ; au-dessous se trouvait le bassin où le crocodile attendait ses victimes. Ce plancher mobile devait être enlevé au moment où les animaux seraient lâchés dans le cirque. De loin en loin, montés sur des estrades appuyées au mur d’enceinte de l’arène, Sylvest remarqua des hommes vêtus comme le Mercure des païens, coiffés d’un casque d’acier arrondi et orné de deux ailes dorées ; ces hommes portaient pour tout vêtement un caleçon rouge, et au talon de leurs sandales étaient attachées de petites ailes. Chacun de ces Mercures avaient devant lui un réchaud de bronze, rempli de braise, où chauffaient de longues tiges d’airain ; ainsi rougies au feu, elles servaient à s’assurer si les gladiateurs esclaves, qui, gravement blessés, feignaient parfois d’être morts pour ne plus combattre, avaient réellement cessé de vivre : le Mercure acquérait cette certitude en sillonnant les plaies des blessés avec sa tige brûlante ; car, sous cette affreuse douleur, il était impossible de simuler l’insensibilité de la mort. Ces tiges d’ai-