la distance qui la séparait de la courtisane affranchie… À Rome, les plus grandes dames combattaient, soit entre elles, soit contre des femmes esclaves, et une courtisane affranchie rentrait à peu près dans la condition d’une esclave. Ce dont il était surpris, c’est que Siomara eût accepté cette lutte meurtrière ; peut-être, pour en sortir victorieuse, elle comptait sur la puissance de ses sortilèges…
Ces pensées occupèrent Sylvest jusqu’à la fin du jour…
Au soleil couché, le guichetier vint chercher l’esclave pour la fête romaine.
— Serai-je donc livré aux bêtes les menottes aux mains et la chaîne aux pieds ? — demanda-t-il à l’invalide. — N’allez-vous donc pas me déferrer ?
— Non, mon fils. Vous allez être conduits tous ensemble sous une voûte grillée, communiquant de plain-pied avec l’arène, et, comme vous resterez enfermés là jusqu’au moment où vous serez livrés aux bêtes, on craindrait qu’en attendant vous ne vous tuiez les uns les autres. Quelques instants avant votre entrée dans le cirque, vous serez déferrés… Allons, mon fils, suis-moi : bonne et surtout prompte chance je te souhaite.
En sortant de son cachot, Sylvest se trouva dans une longue galerie souterraine, de chaque côté de laquelle s’ouvraient les portes de cellules, d’où étaient sans doute sortis avant lui un grand nombre de ses pareils, aussi condamnés. À l’extrémité de ce souterrain, vers laquelle se dirigeaient les esclaves, poussés par les guichetiers et les gardiens armés, on apercevait, à travers d’épais barreaux de fer, une éclatante lumière produite par l’éclairage de l’amphithéâtre. Sylvest, plein d’angoisses en songeant au combat de sa sœur et de Faustine, voulut arriver l’un des premiers à la grille de cet immense soupirail, d’où il pouvait voir le spectacle, et fendit la foule de ses compagnons, moins hâtés que lui. Il arriva l’un des premiers près des barreaux de fer, entendant de plus en plus distinctement le murmure et le tumulte d’une foule immense, car l’amphithéâtre d’Orange, comme