toujours suspendu à la crinière de mon cheval, qu’il avait saisie de la main gauche. Je voyais, au bas de la côte, la légion romaine appelée la Légion de fer, à cause des pesantes armures de ses soldats, formée en coin. Immobile comme une muraille d’acier, hérissée de piques, elle s’apprêtait à recevoir notre choc à la pointe de ses lances. Je portais, comme tous les cavaliers, un sabre au côté gauche, une hache au côté droit, et à la main un lourd épieu ferré. Nous avions pour casque un bonnet de fourrure, pour cuirasse une casaque de peau de sanglier, et des bandelettes de cuir enveloppaient nos jambes que nos braies ne couvraient pas. Mikaël était armé d’un épieu ferré, d’un sabre, et portait au bras gauche un léger bouclier.
— Saute en croupe ! — ai-je dit à mon frère au moment où nos chevaux, dont nous n’étions plus maîtres, arrivaient à toute bride sur les lances de la Légion de fer… Une fois à portée, nous avons de toutes nos forces lancé notre épieu ferré à la tête des Romains, comme on lance le pen-bas (B). Mon coup à moi porta ferme et droit sur le casque d’un légionnaire. Tombant à la renverse, il entraîna dans sa chute le soldat qui le suivait. Mon cheval entra par cette trouée au plus épais de la Légion de fer. D’autres des nôtres m’imitèrent ; dans cette mêlée, le combat devint rude. Mon frère Mikaël, toujours à mes côtés, tantôt, pour frapper de plus haut, sautait sur la croupe de mon cheval, tantôt s’en faisait un rempart : il combattait valeureusement. Une fois je fus à demi démonté ; il me protégea de son arme pendant que je me remettais en selle. Les autres piétons de la mahrek-ha-droad se battaient de la même manière, chacun à côté de son cavalier.
— Frère, tu es blessé, — ai-je dit à Mikaël. — Vois, ta saie est rougie.
— Et toi, frère, — m’a-t-il répondu, — regarde tes braies ensanglantées.
Et de vrai, dans la chaleur du combat, nous ne sentions pas ces blessures. Mon père, chef de la mahrek-ha-droad, n’était pas accom-