entre autres le cuisinier Quatre-Épices, se précipitèrent dans la chambre, tandis que leur maître se relevait péniblement, la figure bouleversée par la douleur et par la rage… Il se laissa tomber tout essoufflé sur un siège, en disant aux soldats :
— Saisissez ce scélérat… il a voulu me tuer !…
Les soldats s’emparèrent de Sylvest, tandis que ses compagnons d’esclavage, silencieux et consternés, car ils l’aimaient, échangeaient de mornes regards.
Diavole, sentant alors sa douleur un peu calmée, se leva, et, s’appuyant sur une table, dit aux soldats d’une voix calme, après avoir assez longtemps réfléchi :
— Conduisez ce meurtrier aux souterrains du cirque… Dans trois jours, il y a spectacle ; dans trois jours, il sera livré aux bêtes féroces.
Un frémissement d’épouvante agita ses compagnons, pendant que les deux soldats l’entraînaient ; mais Quatre-Épices, le cuisinier, fit en cachette à Sylvest un signe mystérieux, en rapprochant deux des doigts de sa main comme s’il prenait une pincée de quelque poudre. Sylvest comprit que Quatre-Épices revenait à ses projets d’empoisonnement.
Avant de continuer ce douloureux récit, mon enfant, je veux te dire pourquoi la noble Faustine ne doit t’inspirer aucune pitié, tandis que Siomara, si criminelle, si monstrueuse qu’elle te paraisse, a droit peut-être à quelque commisération.
Faustine, c’est la personnification de ce féroce mépris des créatures humaines né du pouvoir illimité que le maître s’arroge sur l’esclave, le conquérant sur le conquis, l’oppresseur sur l’opprimé… Faustine, c’est l’exemple le plus épouvantable de ces débordements auxquels on arrive presque forcément par l’oisiveté, par l’opulence, par des volontés sans frein, des désirs sans bornes, bientôt suivis de la satiété, qui engendre alors ces raffinements de barbarie et ces débauches dont frémit la nature !…