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Oh ! égaler les Dieux par la toute-puissance… pouvoir dire : Je veux ! et cela est !… Aussi, je cherche… je cherche… je trouverai !… Rien ne me coûtera… rien… Oh ! frère ! je te l’ai dit… si tu savais les angoisses, les terreurs de ces recherches… par l’emploi des sortilèges… Voluptés étranges et sans égales !… Tiens… cette nuit… depuis le moment où, transfigurée en magicienne de Thessalie, je suis parvenue, par mille enchantements, à tromper et à endormir les gardiens du tombeau de Lydia… jusqu’à l’heure où, enfin seule, dans le silence et la nuit de ce sépulcre… j’ai pu m’emparer du corps de la jeune vierge pour accomplir mes charmes magiques… j’ai éprouvé, vois-tu, frère… de ces épouvantes… de ces frémissements… de ces extases… dont aucune langue humaine ne sait… ne saura jamais le nom !…

— Courroux du ciel !… — s’écria Sylvest. — Horreur à toi, Siomara !… mais exécration à l’esclavage qui t’a faite ce que tu es !… Toi, l’innocente enfant de ma mère !… un démon t’a emportée toute petite, t’a égarée, dépravée, perdue… et de débauche en débauche, rassasiée à quatorze ans des monstruosités de Trymalcion… tu en es venue à chercher l’inconnu, l’impossible, dans le meurtre… la profanation des tombeaux… et les effroyables mystères d’une magie sacrilège !… Oh ! par mon père, mort dans les tortures !… par ma sœur, devenue l’épouvante de la nature et des Dieux !… exécration à l’esclavage ! haine implacable !… vengeance féroce contre ceux qui font des esclaves !…

— Oui… haine ! exécration ! vengeance ! frère… Elles tuent ! elles tuent… et les morts servent aux sortilèges ! Écoute… il est de puissants enchantements, infaillibles, disent les Égyptiennes, s’ils sont évoqués par le fils et la fille d’un même sang, ayant tous deux sacrifié aux secrètes cérémonies de la déesse Isis… Sois ce frère… je te ferai affilier, et saurai bien te racheter à ton maître…

Sylvest allait repousser cette offre avec indignation, lorsque l’entretien fut interrompu par la voix de l’eunuque. Il criait en frappant à la porte :