tout son visage sembla rayonner, — si tu savais quelle âpre et terrible volupté l’on trouve dans certains mystères !… Si tu savais !… Mais qu’as-tu ? ta figure pâlit et peint l’épouvante… Sylvest, qu’as-tu ? réponds-moi !…
Siomara disait vrai ; son frère pâlissait, ses traits exprimaient l’horreur, l’épouvante… car, en lui faisant ces abominables révélations, la figure de sa sœur était restée indifférente, presque souriante… Sa voix calme et douce venait seulement de s’animer en parlant de ces âpres voluptés que trouvait Siomara dans certains mystères. Ces paroles réveillant ses doutes plus poignants que jamais, en lui rappelant la vision de la nuit, Sylvest frémit de tout son corps et s’éloigna brusquement de sa sœur, dont le bras s’était jusqu’alors appuyé sur son épaule ; puis, levant au ciel ses mains jointes, il s’écria comme s’il ne pouvait croire à ce qu’il voyait, à ce qu’il entendait :
— Ô dieux tout-puissants ! cette malheureuse s’attendrissait pourtant il y a un instant aux souvenirs de notre enfance ! elle pleurait au récit des tortures de mon père et des miennes ! Dieux secourables ! est-ce encore une vision ? est-ce un fantôme qui prend la ressemblance de ma sœur ?…
Siomara, regardant à son tour Sylvest avec surprise, fit un mouvement pour se rapprocher de lui ; mais il l’arrêta d’un geste plein d’effroi.
Alors, elle, attachant sur lui ses grands yeux étonnés, lui dit d’une voix toujours douce et tendre :
— Pauvre frère ! qu’as-tu donc ? D’où vient ton inquiétude ? Tu m’as vue, dis-tu, m’attendrir et pleurer aux souvenirs de notre enfance… au récit des misères, des tortures de notre père et des tiennes…
— Oui… et en voyant couler tes larmes, mes derniers soupçons s’étaient évanouis.
— Quels soupçons ?
— Ne t’avais-je pas raconté mon horrible vision de cette nuit ?…