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— Le vide… — reprit Sylvest effrayé en se retirant vivement en arrière et s’adossant à la muraille.

— Oui, c’est le vide ! — reprit la voix de l’eunuque. — Si tu fais un pas pour sortir de ce recoin… tu tombes au fond d’un abîme… citerne abandonnée, où tu te briseras les os et dont tu ne sortiras plus, car je refermerai sur toi la trappe… maintenant béante à tes pieds !

— Pourquoi cette menace ?… Quel est votre but ?…

— Mon but est d’être certain que tu ne bougeras pas de là pendant que je vais ailleurs… Attends-moi…

Et l’esclave, entendant les pas du vieillard qui se retirait, s’écria :

— Mais, ma sœur ! ma sœur !

— Tu vas la voir…

— Où cela ?

— Où tu es… — reprit la voix de l’eunuque, de plus en plus lointaine. — Tourne-toi du côté du mur… regarde de toutes tes forces… et…

Les derniers mots de l’eunuque ne parvinrent pas aux oreilles de Sylvest… Il se crut le jouet de ce méchant vieillard… Cependant il se retourna machinalement du côté de la muraille, et fut frappé d’une chose étrange… Peu à peu, et de même que la vue, s’habituant à l’obscurité, finit par distinguer des objets d’abord inaperçus, il lui sembla que le mur devenait vaguement transparent à la hauteur de ses yeux… Ce fut d’abord une sorte de brouillard blanchâtre ; puis il s’éclaircit lentement, et fit place à une faible lueur semblable à l’aube du jour… L’esclave aurait pu couvrir de ses deux mains le point le plus lumineux de cette lueur circulaire qui, se dégradant ensuite insensiblement, se fondait dans les ténèbres environnantes. Il tâta la muraille à cet endroit : il rencontra une surface polie, dure et froide comme le marbre ou l’acier. La clarté allait toujours grandissant ; l’on aurait dit l’orbe de la lune en son plein, se dégageant de moment en moment des légères vapeurs grises dont parfois elle est voilée… Enfin ce disque devint tout à