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— Que veux-tu ?

— Voir ma sœur.

— Qui, ta sœur ?

— Siomara.

— Tu es le frère de Siomara ?

— Oui.

— Sauve-toi, imposteur ! sinon je te fais goûter d’un bâton de cormier que j’ai là derrière la porte… hors d’ici, drôle !

— J’avais prévu votre incrédulité, j’apporte avec moi les preuves que Siomara est ma sœur ; si vous me refusez accès auprès d’elle, je saurai, par un moyen ou un autre, lui apprendre qui je suis, et que j’habite Orange.

Ces mots parurent à la fois surprendre l’eunuque et le faire réfléchir ; il devint soucieux, inquiet, et, tenant toujours la porte entrebâillée, il dit à l’esclave en attachant sur lui ses petits yeux de vipère :

— Ton nom ?

— Sylvest.

— Le nom de ton père ?

— Guilhern.

— De ton grand-père ?

— Joel, le brenn de la tribu de Karnak.

— Le nom de ta mère ? de ta grand’mère ?

— Ma mère s’appelait Hénory, ma grand’mère Margarid.

— Où as-tu été vendu ?

— À Vannes, avec mon père et ma sœur, après la bataille.

L’eunuque parut de plus en plus pensif et contrarié ; il garda le silence pendant quelques instants, laissant toujours Sylvest dehors, tandis que le seigneur Diavole, placé à peu de distance, ne quittait pas son esclave des yeux… Enfin l’eunuque dit à Sylvest :

— Viens…

Et la porte se referma sur lui.