par l’arrivée d’un ami de Diavole, jeune et riche Gaulois de Gascogne, nommé Norbiac, fils d’un de ces traîtres ralliés à la conquête romaine.
Diavole était célèbre par ses débauches, ses dettes et ses maîtresses ; le seigneur Norbiac le prenait pour modèle, s’efforçant d’imiter son insolence, sa corruption, et jusqu’à la façon de ses vêtements ; car ces Gaulois dégénérés, reniant leurs costumes, leur langue, leurs dieux, mettaient leur vanité à copier servilement les mœurs et les vices des Romains.
Après avoir échangé quelques paroles amicales, le maître de Sylvest dit au jeune Gaulois :
— Vous permettez, Norbiac, que l’on me rase devant vous ? Je suis ce matin fort en retard pour ma toilette, grâce à ce pendard, — et Diavole montra Sylvest, — que j’allais rouer de coups quand vous êtes entré…
— J’ai, ce matin aussi, assommé un de mes esclaves… — répondit Norbiac en gonflant ses joues. — C’est la seule manière de traiter ces animaux-là…
Sylvest s’était mis en devoir de raser Diavole… Toutes les fois que l’esclave tenait ainsi à sa portée la gorge de son maître, sur laquelle il promenait le tranchant du rasoir, il se demandait, avec un étonnement toujours nouveau, si c’était par excès de confiance envers ses esclaves, ou par excès de mépris pour eux, qu’un maître, souvent impitoyable, livrait ainsi chaque jour sa vie à leur merci ; mais Sylvest eût été incapable de se venger par un meurtre si lâche !… Or, pendant qu’il rasait Diavole, l’entretien continua de la sorte entre lui et Norbiac :
— Je viens, — dit le jeune Gaulois, — vous apprendre une mauvaise nouvelle et vous demander un service, mon cher Diavole !
— Débarrassons-nous d’abord de la mauvaise nouvelle, nous parlerons ensuite du service que vous attendez de moi… L’ennui avant le plaisir…