lorsque vous allez à ces festins qui doivent durer deux jours et trois nuits, vous me permettez parfois de disposer de quelques heures…
— Et j’en suis bien payé ! — reprit Diavole singulièrement radouci au nom de la belle Gauloise. — Continue, drôle.
— Je me souvins donc que cette esclave m’avait dit quelques mots de la belle Gauloise, notre compatriote ; ignorant alors que cela vous pouvait intéresser, seigneur, je n’avais pas prêté grande attention à ses paroles… Mais, hier, après votre confidence de la matinée, elles me sont revenues à l’esprit… J’étais à peu près certain de rencontrer l’esclave à l’endroit où elle vient souvent m’attendre à tout hasard ; comptant être de retour ici avant vous, seigneur, je cours à la villa de la noble Faustine, je trouve l’esclave, je lui parle de la belle Gauloise… Ah ! seigneur !…
— Quoi ? Achève donc !…
— Si vous saviez ce que j’apprends !…
— Finiras-tu, pendard ?…
— La belle Gauloise… est ma sœur…
— Ta sœur !…
— Oui, seigneur…
— Ta sœur ? Mensonge !… Tu veux échapper au fouet en me faisant ce conte…
— Seigneur, je vous dis la vérité… La belle Gauloise doit avoir de vingt-cinq à vingt-six ans ; elle est, comme moi, de la Gaule bretonne ; elle a été achetée tout enfant, après la bataille de Vannes, par un vieux et riche seigneur romain nommé Trymalcion.
— En effet, Trymalcion, mort depuis longtemps, a laissé en Italie un renom de magnificence et d’extrême originalité dans ses débauches. Comment ! il serait possible… la belle Gauloise est ta sœur ? — reprit Diavole ayant tout à fait oublié sa colère. — Ta sœur… elle ?…
Sylvest, quoiqu’il lui en eût coûté de parler de sa femme et de sa sœur avec cette apparence de légèreté, s’était résigné à cette feinte ; il avait ses projets… Mais son entretien avec son maître fut interrompu