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était en robe du matin… À la vue de son esclave, il devint pâle de rage, et, le menaçant du poing, il s’écria avant que le surveillant eût dit un mot :

— Ah ! te voilà enfin, scélérat !… Par Pollux ! je ne te laisserai pas un pouce de peau sur les épaules et un ongle aux mains !… Je rentre cette nuit impérialement ivre, et personne pour me porter à mon lit ! Ce matin, personne pour me chausser, m’habiller, me friser, me raser… (G) D’où viens-tu, infâme coquin ?…

— Seigneur, — dit le surveillant, — nous avons surpris ce vagabond, dès l’aube, dans le parc de la villa de notre honorée maîtresse Faustine… Il se trouvait là avec une des esclaves du logis… Au lieu de châtier ce misérable, nous l’avons amené ici, instruits par notre honorée maîtresse des égards que l’on se doit entre nobles personnes.

— Tiens, voilà pour toi, — reprit Diavole en donnant au surveillant une pièce d’argent. — Tu salueras Faustine de la part de Diavole, et tu l’assureras que ce bandit sera puni selon ses mérites, pour avoir eu l’audace de s’introduire dans le parc de cette noble dame.

Le surveillant sortit : Sylvest resta seul avec son maître.

— Ainsi, gibier de potence ! — s’écria Diavole, — tu vas courir la nuit hors des portes de la ville pour t’accoupler avec une…

— C’est cela… risquez les étrivières, les aiguillons, la mort peut-être, pour le service de votre maître, — répondit effrontément Sylvest à Diavole en l’interrompant ; — telle est la récompense qu’on reçoit ici !

— Comment, pendard ! tu oses…

— Privez-vous de sommeil, épuisez-vous de fatigue… et voilà comme on est accueilli !…

— Par Hercule ! est-ce que je veille ? est-ce que je rêve ?…

— Allez, seigneur, vous ne méritez pas d’avoir un esclave tel que moi…

— Voilà du nouveau… il me réprimande…