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CHAPITRE III.


Le seigneur Diavole. — Le portier Camus. — Le cuisinier Quatre-Épices. — Le seigneur Norbiac. — Les amoureux de la belle Gauloise. — Sylvest se rend à la maison de Siomara. — L’eunuque. — Les prodiges. — La magicienne. — Belphégor.




Sylvest avait pour maître le seigneur Diavole, descendant d’une noble famille romaine établie dans la Gaule provençale, conquise par les Romains depuis près de deux siècles, et ainsi devenue une nouvelle Italie. Jeune, dissipateur, débauché, oisif, comme tous les gens de race noble, il se serait cru déshonoré par le travail (A), et il empruntait aux usuriers, en attendant impatiemment la mort de son père, le seigneur Claude, riche homme, dont le revenu considérable provenait du travail de deux ou trois mille esclaves, artisans de toutes sortes de métiers, qu’il louait tant la journée à des entrepreneurs (B). Ceux-ci exploitaient à leur tour ces malheureux, de sorte que leur travail devait ainsi produire à la fois un gros revenu pour leur maître et un bénéfice pour l’entrepreneur qui, chargé de la nourriture et de l’entretien des esclaves, les laissait presque nus et leur donnait une nourriture insuffisante qui eût répugné à des animaux. Écrasé de travail, épuisé par la fatigue et la faim, l’esclave sentait-il les forces lui manquer, l’entrepreneur les réveillait au moyen du fouet, de l’ai-